Neuf jardins historiques inspirants au Canada

Ada Annie Rae-Arthur, son mari et leurs trois jeunes enfants se sont installés sur ce site isolé de l’île de Vancouver en 1915. Après avoir aménagé un jardin de cinq acres dans la forêt tropicale, Annie a passé sept décennies à cultiver des plantes et des arbres fruitiers achetés par correspondance (tout en survivant plus longtemps que quatre maris et en mettant au monde huit autres enfants). Au fur et à mesure qu’elle vieillissait, le jardin devenait envahissant. Après son décès en 1985, des bénévoles ont passé une trentaine d’années à restaurer le jardin et à construire le Temperate Rainforest Field Study Centre, situé à proximité. Aujourd’hui, vous pouvez vous promener sur deux kilomètres de sentiers moussus, emprunter le sentier forestier Walk of the Ancients et en apprendre davantage sur la Première nation Hesquiaht, dont les membres ont habité ce site bien avant l’arrivée des Européens. Les visites d’une journée et les séjours d’une nuit sont tous deux possibles, et vous arriverez par un spectaculaire vol en hydravion de 50 kilomètres depuis la communauté de Tofino.

L’histoire des créateurs de ce petit jardin qui ressemble à un joyau est aussi fascinante que le jardin lui-même. Peggy Pemberton-Carter et le prince Nicholas Abkhazi, exilé de l’actuelle Géorgie, se sont rencontrés à Paris dans les années 1920. Séparés par les conflits et la géographie, notamment par des séjours dans des camps de prisonniers de la Seconde Guerre mondiale de part et d’autre du globe, ils se sont retrouvés et se sont mariés en 1946. Pendant les quatre décennies suivantes, le couple a développé un riche jardin dans son arrière-cour de 0,4 hectare. En 2000, après leur décès, le Land Conservatory of British Columbia a sauvé le jardin des mains des promoteurs. Aujourd’hui, vous pouvez profiter d’une vue imprenable sur les montagnes olympiques et le détroit de Juan de Fuca tout en vous promenant parmi les érables japonais, les rhododendrons patrimoniaux et les affleurements rocheux recouverts de mousse. La maison des Abkhazi abrite désormais une boutique de souvenirs et un salon de thé.

Créé en hommage aux Canadiens d’origine japonaise à l’occasion du centenaire du Canada en 1967, cet oasis de paix allie les traditions japonaises aux paysages des Prairies. Le designer japonais Tadashi Kubo a étudié de près le paysage et la culture du sud de l’Alberta avant de créer le plan directeur du jardin. Les structures telles que les portes, les ponts et la maison de thé ont été construites à Kyoto, expédiées à Lethbridge et soigneusement réassemblées. Un parc urbain entourant le jardin offre de vastes panoramas sur les Prairies, qui se dévoilent progressivement au fil des promenades. Vous pouvez également vous immerger dans la culture japonaise : prenez un selfie en portant un yukata japonais traditionnel, sirotez un matcha lors d’une cérémonie du thé ou regardez des danseurs tournoyer au rythme des tambours taiko. Lors des visites, des jardiniers experts expliquent comment le jardin utilise des plantes canadiennes pour refléter l’esthétique japonaise.

Construite en 1891 comme résidence officielle du lieutenant-gouverneur de la Saskatchewan, Government House abrite aujourd’hui un musée qui évoque l’époque d’Amédée Forget, qui occupa cette fonction de 1898 à 1910. Aujourd’hui, les jardins édouardiens de la propriété fleurissent de lys, de roses et de quelque 5 700 tulipes. Qu’est-ce qu’un jardin édouardien ? Contrairement aux paysages formels populaires à l’époque victorienne, les jardins édouardiens du début des années 1900 présentaient des parterres de fleurs informels et des structures de jardin fantaisistes, telles que des treillis et des pergolas. Lorsque vous visitez Government House, apportez un pique-nique à déguster sous les arbres. Vous pouvez également participer à une visite écologique ou inscrire vos enfants au programme de conservateurs en herbe. Le Sylvia Fedoruk Conservatory, où les premiers paysagistes ont cultivé de fragiles plantes anglaises, offre un répit parfumé dans les hivers de la Saskatchewan.

En 1944, l’homme d’affaires Rupert Edwards a acheté une propriété envahie par la végétation à l’extrémité nord de Toronto et l’a transformée en un jardin verdoyant, connu pour ses rocailles et son terrain de golf privé. Dix ans plus tard, il est devenu un parc public appelé Edwards Gardens, où le Garden Club of Toronto rêvait de créer un centre pour inspirer les jardiniers locaux. Ce rêve est devenu le Jardin botanique de Toronto (TBG), d’une superficie de 1,6 hectare. En visitant les jardins thématiques et en assistant aux conférences, ateliers, visites, camps de jour et événements du TBG, vous pouvez obtenir une foule d’idées et de conseils pratiques pour votre propre jardin. De nombreuses activités se déroulent au George and Kathy Dembroski Centre for Horticulture, un bâtiment respectueux de l’environnement doté d’un remarquable pavillon de verre et d’un toit vert. Vous pouvez également vous arrêter à la boutique de jardinage et au café saisonnier.

Le sénateur George Taylor Fulford a gagné de l’argent en vendant des médicaments brevetés avec le slogan mémorable « Des pilules roses pour les gens pâles ». Il a gagné tellement d’argent qu’il a pu engager les frères Olmsted, le légendaire cabinet d’architectes paysagistes qui a conçu Central Park à New York et le parc du Mont-Royal à Montréal, pour dessiner le plan du jardin de son manoir en 1899. Les chercheurs ont fouillé dans les archives des Olmsted au Massachusetts pour trouver des lettres, des photos et des plans historiques qui les ont aidés à restaurer ce paysage longtemps négligé. Surplombant le fleuve Saint-Laurent, le jardin à l’italienne restauré présente des parterres de fleurs géométriques et d’élégantes statues en pierre, ainsi qu’une fontaine en marbre blanc ornée de bêtes mythiques. En le visitant aujourd’hui, vous pourrez vous faire une idée de la façon dont les riches et les célèbres jouissaient de leur fortune au début du siècle dernier.

Les Annapolis Royal Historic Gardens vous emmènent dans une aventure à travers le temps, dans l’une des petites villes les plus historiques du Canada. Avec 17 acres de jardins, vous pouvez vous promener dans l’histoire de la Nouvelle-Écosse en explorant des jardins basés sur des thèmes de différentes périodes : un jardin de colonisation pré-européenne, une section acadienne du 17e siècle, le jardin colonial du gouverneur du 18e siècle, ainsi que des jardins victoriens et contemporains.

Elsie Reford a passé 32 ans à créer ces magnifiques jardins, à des centaines de kilomètres de la pépinière la plus proche. À partir de 1926, elle a embauché et formé des guides de pêche et des agriculteurs locaux pour l’aider à creuser des plates-bandes, à construire des murs, à déplacer des rochers et à créer le compost nécessaire à la culture d’espèces exotiques, telles que les azalées et les pavots bleus de l’Himalaya. Ce jardin public, l’un des plus septentrionaux d’Amérique du Nord, a ouvert ses portes aux visiteurs en 1962. Aujourd’hui, quelque 3 000 espèces s’épanouissent dans 15 jardins distincts, dont un jardin d’oiseaux, une clairière de primevères et une promenade de gentianes. Vous pouvez également visiter le musée des outils de jardinage, prendre un repas au restaurant, assister à un concert, admirer des sculptures modernes et participer à des festivals de jardinage et de gastronomie.

Ce musée est situé dans une maison datant de la fin des années 1830 sur la côte de Northumberland en Nouvelle-Écosse. Située sur 91 hectares (225 acres) et offrant sept kilomètres de sentiers forestiers, la propriété comprend des jardins, des vergers et de vastes zones boisées. Lorsque la maison est devenue un musée en 1992, la menthe, le thym sauvage, la mauve et la lueur dorée prédominaient dans le jardin largement envahi par la végétation. Les horticulteurs et les bénévoles du musée ont fait des recherches sur les jardins du milieu de l’époque victorienne (1840 à 1860) afin de créer un paysage reflétant les premières années de la maison. Aujourd’hui, vous pouvez vous promener parmi de nombreuses variétés de fleurs du printemps à l’automne, notamment des jonquilles, des iris barbus, des sédums, des sceaux de Salomon, des pivoines et des asters. Apportez un pique-nique dans le verger de pommiers, respirez à pleins poumons dans le jardin d’herbes aromatiques aux douces senteurs, et dégustez du thé et des desserts sur la véranda.