Sur la pointe de terre la plus à l’est du Canada, le plus ancien phare de Terre-Neuve-et-Labrador encore en activité offre un aperçu de la vie des gardiens de phare du XIXe siècle et de leurs familles. Admirez les icebergs, les baleines en migration et les oiseaux marins en chasse sur cette côte atlantique accidentée.

Une lueur d’espoir au Cap Spear
Durant les Journées des lieux patrimoniaux, à partir du 8 juillet, laissez-vous guider par les histoires de phare et les familles qui les ont occupés. Ces repères familiers en ont long à raconter!
Le 16 novembre 1861, une forte mer oblige le Salmah et le Harriet à s’ancrer entre le cap Spear et l’entrée du port de St. John’s, à Terre-Neuve. Le gardien du phare de cap Spear, James Cantwell, observe de près la situation. Cet ancien pilote craint que les deux navires ne soient entrainés vers les rochers, au pied du cap, si le vent tourne au nord-est. C’est ce qui arrive : le vent vire, et les ancres peinent à résister. Un remorqueur parvient à sauver le Salmah, mais le Harriet a moins de chance.
À l’aube, l’ancre cède et le Harriet frappe à rebours contre les rochers.
James Cantwell et son assistant, Dennis Cantwell, bravent la force des éléments et se frayent un chemin jusqu’au navire échoué. Ensemble, ils entreprennent de ramener à terre les membres de l’équipage à l’aide de câbles. On les hâle les uns après les autres, malgré la puissance des vagues, la cargaison qui s’écrase contre le roc et le dangereux tangage du navire. Elizabeth Cantwell prodigue les premiers soins aux premiers rescapés tandis que le sauvetage se poursuit. Elle les amènera ensuite dans la maison du phare, plus haut. Traumatismes, blessures, hypothermie… l’équipage est dans un état lamentable. Mais, selon un article relatant le sauvetage du Harriet, si la famille Cantwell avait été « moins prompte à porter secours et moins expérimentée, aucun de ces infortunés n’aurait eu la vie sauve. »
Garder un phare comme celui du cap Spear n’incombe pas à un seul gardien : c’est une vocation familiale. Sans la solidarité des Cantwell, combien de familles auraient pleuré la perte des leurs?